vendredi 17 mai 2013

Un peu de lecture

Hello dears, 

Après cette petite pause d'une semaine due à de bien salutaires vacances, j’ai décidé de faire un article un peu différent des autres et ne pas y parler exactement de thé, mais plutôt de partager l'un passages d’un livres qui m’a beaucoup marquée dans mon apprentissage autour du thé, à savoir Le Livre du thé de Jean Montseren. Cest un ouvrage que je recommande avec chaleur, car non seulement on y apprend beaucoup quant à l’aspect pratique, mais en plus la seconde partie est dédiée à quelques réflexions de l’auteur autour du thé mais aussi des relations humaines et de notre propre existence. Si j’aime le thé pour son goût, je l’apprécie beaucoup également comme point de départ à la réflexion… les deux me paraissant complémentaires.

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Technicités et fuites.

Certains goûteurs piqués par je ne sais quelle mouche ou peut-être en mal d'une reconnaissance « incontestable » utilisent la « fuite en technicité ».
Considérant que l’« impalpable » (le personnel, l'intime, le subjectif… la dimension profonde de la dégustation) est contestable et que, par conséquent, le « palpable » est incontestable, ils usent exagérément de paramètres techniques et pseudo-scientifiques. Arrêter l’eau frémissante à tel degré précis ou faire infuser le thé à la seconde près semblent prendre plus de valeur et plus de sérieux que de faire ces actes « d’instinct ». La « fuite en technicité » est une perte des critères de tolérance et le rejet de toutes les conditions s’éloignant d’une situation ou d’un environnement standard et idéal.
Il existe également l’attitude inverse, la « fuite de la technicité » : rejeter la technicité et ne parler que d’expérience. Dans ce cas, la technicité est vue comme un élément capable de déstabiliser ou de délégitimer l’empirique : supprimer tout objet et toute raison d’être à l’expérience.
C’est pourtant difficile de mettre en péril l’expérience de l’« ayant existé »… Tant de gens s’y accrochent tellement pour se donner à bon compte un sentiment d’évolution et d’évaluation…
Ce que nous pouvons constater dans cette « fuite en technicité » ou cette « fuite de la technicité », c’est une seule et même « rigidification » occasionnée par la recherche d’une reconnaissance incontestable.
En effet, pour beaucoup, plus ils pratiquent longtemps une activité, plus ils perdent en souplesse. Une remise en question, même légère, prend alors la forme d’un désaveu, d’une défiance.
Evidemment, vous et moi, nous préférerons penser que la pratique, au contraire, nous apporte une capacité d’adaptabilité et de compréhension.
La justesse ne saurait être offerte par une attitude extrême ou, tout simplement, motivée par un orgueilleux désir de reconnaissance personnel. Il existe une part de technicité qu’il convient de ne pas accroître ou diminuer.
Cette part, en elle-même assez importante, est souvent un motif d’étonnement pour le néophyte. L’acte de préparer un thé devait figurer, dans sa hiérarchie des gestes, comme un « geste mineur » car quotidien, sans prestige social évident... Telle devait être sa conception avant qu’il ne réalise qu’il n'existe pas de geste mineur ou majeur et que tous demandent, au moment de l’action, une prise de conscience. En effet, il ne pensait pas que cet acte puisse nécessiter autant d’attention et de précision.
Partant de là, de ce choc premier, c’est tout son regard sur « les-petites-choses-qui-nous-entourent-dans-la-vie-de-tous-les-jours » qui va s’approfondir et devenir bienveillant. Le lieu et le temps où il vit en seront changés, nouveaux. Comme un voyageur qui décide soudainement de porter attention aux autres voyageurs, ces compagnons de mouvements.
Mais à chaque pas demeure la possibilité de trébucher. Cela serait une erreur dommageable que de penser qu’après cette première étape le néophyte progresserait en intensifiant, en rigidifiant sa technique. Elle doit, au contraire, avoir un caractère spontané, naturel, vécu, philosophique…
La technicité, comme nous l’avons vu, est un écueil pour chacun d’entre nous, du néophyte au goûteur, si nous l’utilisons en faire-valoir ou en centre de gravité de notre pratique. L’essentiel est de lui reconnaître et de lui accorder la place qui est la sienne, sans la négliger ni la surévaluer.
En travaillant cela, l’apprenti progressera.

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L’équilibre est à mon sens une valeur essentielle de l’existence, quoique terriblement difficile à acquérir. J'aime l’humilité qui se dégage de ce passage, que ce soit sur nos propres capacités mais aussi sur le rapport que nous avons face à la connaissance et la technique. Le thé fait partie de ces instants qui semblent faciles de s’approprier, mais qu’il est ardu de réaliser à la perfection. Continuons de le savourer, mais surtout aimons  le préparer, car ce n’est qu’ainsi que nous atteindrons l’équilibre. 

Dès lors, profitez bien de vos thés du week-end ! 
Hana B.

2 commentaires:

  1. J'ai beaucoup aimé lire cet article, car au delà de la réflexion qu'il nous offre sur la préparation du thé, je trouve que c'est une réflexion beaucoup plus profonde et générale qui peut se faire sur n'importe quel geste de la vie. En lisant ce passage qui oppose, à mon sens, technicité et ressenti, j'ai bien entendu pensé à la musique ! Ca m'a amener à penser que finalement l'art du thé a beaucoup de similitude avec la musique, aussi bien dans l'aspect poussé que peut prendre la préparation parfaite pour un aficionados, que l'authentique plaisir de la dégustation d'une simple tasse de thé pour un néophyte.
    Le tour est donc joué, tu as réussi à pousser ma réflexion autour du thé ^^

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    1. Et bien tu m'en vois ravie ! J'espère pouvoir profiter de ce blog pour étayer mes réflexions autour du thé, je ne manquerai pas de faire partager d'autres beaux moments comme celui-là.

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