vendredi 30 août 2013

Un thé à Tôkyô.

Hello dears, 

J’ai eu la chance de passer la plus grande partie de mes vacances d’été à Tôkyô, voyage que je rêvais de faire depuis très longtemps et qui ne m’a pas déçue. J’en ai donc profité pour me rendre dans une maison de thé, afin de déguster un matcha dans la pure tradition japonaise !
Il ne s’agit pas ici d’une cérémonie du thé, qui dure plusieurs heures, et qui consiste en un nombre de rituels imprégnés de philosophie zen où la contemplation du monde, par la poésie, la calligraphie et la visite d’un jardin, sert à amener le participant à un état de plénitude qui atteindra son paroxysme au moment où il se retrouvera face à son bol de thé. La cérémonie formant un tout cohérent, cette dégustation renvoie également à toutes les expériences traversées durant les heures de préparation, permettant une réflexion sur soi et sur le monde. Elle s’effectue en suivant elle aussi un certain nombre de rituels. On ne se saisit pas de son bol n’importe comment, on ne boit pas n’importe comment, le but n’est pas d’apaiser sa faim et sa soif (les quantités ne le permettent pas, de toute façon) mais de profiter et d’apprécier avec lenteur de toutes les saveurs face auxquelles nous nous trouvons.
Lé dégustation qui nous est proposée dans ces maisons de thé se rapproche beaucoup de celle de la cérémonie, même si elle ne lui est pas identique. Déjà, elle est individuelle, sans maître de cérémonie, ce qui en fait une expérience totalement différente. La dégustation est donc moins formelle, même si elle n’est pas exempte de rituels. Le thé, dans ces maisons, est une affaire sérieuse, et spirituelle.

Je me suis rendue dans un parc du centre de Tôkyô, le Hamarikyû Onshi Teien, qui abrite une maison de thé au beau milieu d’un lac. On traverse un petit pont avant d’y arriver, on enlève ses chaussures, on commande son bol de thé (en choisissant une pâtisserie), on s’assied, et il n’y a plus qu’à déguster.


En haut se trouve le choix de ma moitié, bol de matcha glacé avec pâtisserie de saison, et en bas, le mien, bol de matcha chaud avec pâtisserie de saison. La pâtisserie se mange avant de commencer à boire le thé, on la coupe avec le petit morceau de bois que vous voyez sur la photo, et on la mange intégralement. Ces pâtisseries, faites majoritairement de pâte de riz et de pâte de haricot, sont très sucrées, et adoucissent l’amertume si particulière du matcha.
Comme vous pouvez le constater, nos pâtisseries représentent un aspect de l’été. En haut, c’est un coucher de soleil avec une libellule, en bas, une fleur de tournesol dans un jardin. Le lien du thé avec la nature qui nous entoure, comme tout cohérent, est représenté de cette façon poétique.

Ensuite, on peut commencer à boire le thé. Il faut placer le bol dans sa main droite, faire deux quarts de tour dans le sens des aiguilles d’une montre de la main gauche, puis boire en trois ou quatre gorgées. C’est un vrai délice lorsque le matcha est préparé avec savoir-faire, sa texture mousseuse se combine merveilleusement bien avec l’impression de moelleux sucré qu’a laissé en bouche la pâtisserie, et la douceur de cette dernière, même si elle amoindrit l’amertume du thé, en laisse deviner toute sa puissance. C’est un savant équilibre qui, une fois trouvé, tend à une certaine forme de perfection (à mon goût). Après avoir bu, on nettoie le bol de son pouce et de son index, on effectue deux nouveaux quarts de tour dans le sens des aiguilles d’une montre, et on repose le bol en face de soi en ayant dans l’esprit un sentiment de gratitude.

Le paysage qui était en face de moi dans la maison de thé.
Forcément, prendre un thé à Tôkyô a quelque chose en soi d’inoubliable, et on se sent rapidement envahi de ce sentiment de reconnaissance dont il est question. Aucun thé ne se ressemble, et celui-ci, par le dépaysement et la joie qu’il procurait, caracole en tête de mes tea-times préférés. Je songe à essayer de reproduire la même chose chez moi, histoire d’apprendre à réaliser mon propre matcha, et continuer à me familiariser avec ses saveurs si ardues à dompter.

Pour terminer, je tiens à préciser que cette ambiance de raffinement ne se retrouve pas nécessairement dans toutes les maisons de thé japonaises. On trouve par exemple des maisons sur les chemins de randonnée qui s’apparentent plus à des gîtes ruraux, et qui servent sans chichi le thé à volonté avec des pâtisseries rustiques, un peu grossières dans leur présentation, mais très savoureuses. 


Ce qu’il y a dans la tasse n’est pas du thé, mais une sorte de porridge très liquide fait avec les résidus de riz qui résultent de la préparation du saké, qui se nomme amazake. Dans l’assiette, des mochis (pâte de riz gluant) avec quelques légumes marinés. Le mélange des deux est curieux, mais excellent. Après une longue marche, ce genre de halte fait un bien fou !

Et vous, avez-vous profité de vos vacances pour découvrir de nouveaux thés ?
A bientôt,
Hana B.